À partir du 28 août 2025, un événement inédit dans le monde du cinéma et de la technologie se prépare à Las Vegas. Le mythique film The Wizard of Oz sera projeté dans la toute nouvelle salle Sphere, un espace ultra-moderne équipé d’un écran LED panoramique colossal. Cette première mondiale marquera un tournant dans la manière dont les films classiques peuvent être revisités grâce à l’intelligence artificielle.
Une salle spectaculaire au cœur de Las Vegas : la Sphere
La Sphere de Las Vegas est bien plus qu’une simple salle de cinéma. Ce lieu gigantesque est doté d’un écran LED panoramique de 160 000 pieds carrés, soit environ 14 864 mètres carrés. Cette installation massive permet une immersion visuelle et sonore inédite, plaçant le spectateur au centre de l’expérience. Avec cette technologie, les spectateurs peuvent littéralement “entrer” dans le film.
Mais ce n’est pas uniquement la taille de l’écran qui impressionne : la Sphere est équipée des dernières avancées en matière de projection, de son spatialisé, et d’interactivité, faisant de chaque séance une expérience sensorielle complète. C’est dans ce contexte que la projection de The Wizard of Oz prend tout son sens.
La renaissance d’un classique grâce à l’intelligence artificielle
Le film original, datant de 1939, a été restauré et sublimé par une équipe de 2 000 personnes, mêlant compétences humaines et technologies avancées. Le cœur de cette transformation repose sur l’utilisation innovante de l’intelligence artificielle (IA).
Augmentation de la résolution et “outpainting” : quand la magie rencontre la technique
Le procédé d’augmentation de résolution permet d’améliorer la qualité visuelle des images, en passant d’une définition originale souvent limitée à une version haute définition nette et détaillée, sans perte de qualité ni altération des textures d’origine. Cette restauration numérique est complétée par une technique appelée “outpainting”.
Le “outpainting” consiste à étendre l’image au-delà du cadre original du tournage, en générant de nouvelles parties d’image à l’aide de l’IA. Concrètement, cela signifie que l’écran panoramique ne se contente pas d’afficher ce qui était prévu dans le cadre initial, mais révèle des éléments supplémentaires qui étaient invisibles à l’époque.
Ben Mankiewicz, présentateur chez Turner Classic Movies, illustre ce procédé :
“A grainy close-up of Dorothy becomes richly detailed, and then through a process called outpainting — though it seems like magic — we see the rest of the Scarecrow, the Yellow Brick Road, and the mountains of Oz.”
Cette extension visuelle donne l’impression d’une plongée totale dans l’univers du film, presque comme si le spectateur était présent sur le plateau de tournage original.
Création de nouvelles performances à partir des acteurs originaux
Dans certains cas, la technologie ne se limite pas à étendre l’image mais recrée aussi des mouvements et expressions supplémentaires des acteurs, basés sur les données d’origine. Cela signifie que certaines scènes peuvent être agrandies avec des performances inédites, recréées numériquement à partir des images existantes, ce qui repousse les frontières du simple remastering pour entrer dans le domaine de la re-création artistique.
Un respect absolu de l’œuvre originale : la position de Sphere Entertainment
James Dolan, CEO de Sphere Entertainment, insiste sur un point fondamental :
“Our standard on this was not to modify the film at all but to try and bring you into the film, as if you were in the studio when it was shot.”
Cette déclaration souligne la volonté de ne pas altérer l’essence du film, mais de l’enrichir d’une manière qui reste fidèle à l’œuvre originale. Il ne s’agit pas de moderniser le contenu ou de réécrire l’histoire, mais plutôt de révéler et sublimer ce qui existait déjà de manière à offrir une expérience immersive sans précédent.
Analyse : Que représente cette innovation pour le cinéma et la conservation du patrimoine ?
La projection de The Wizard of Oz à la Sphere n’est pas un simple événement promotionnel. Elle illustre une évolution majeure dans la manière dont les technologies numériques, et notamment l’IA, peuvent transformer la conservation et la valorisation du patrimoine cinématographique.
Un pont entre passé et futur
Ce projet symbolise un pont entre l’héritage culturel et les outils du futur. Alors que les films anciens peinent souvent à séduire un public habitué à la haute définition et aux effets visuels contemporains, l’usage de l’IA permet de rendre ces œuvres accessibles et attractives pour les nouvelles générations.
De plus, l’extension des images par “outpainting” ouvre de nouvelles possibilités narratives, invitant à une relecture partiellement inédite des classiques. Ce procédé questionne toutefois le rôle de la technologie dans la création artistique : jusqu’où peut-on aller sans dénaturer l’œuvre originelle ?
Vers une redéfinition de la restauration cinématographique
Traditionnellement, la restauration de films consistait à réparer les dégâts physiques sur la pellicule et à améliorer la qualité d’image au mieux des possibilités techniques de l’époque. Ici, l’intelligence artificielle offre un niveau de finesse jamais atteint, intégrant des processus créatifs d’agrandissement visuel et de “reconstruction” des images.
Cette avancée pourrait bien devenir un nouveau standard dans la restauration, non seulement pour les classiques hollywoodiens, mais aussi pour des œuvres plus méconnues, voire les films historiques ou documentaires, permettant de les faire revivre dans une qualité proche du neuf.
Les défis éthiques et artistiques
Malgré les bénéfices évidents, cette technologie soulève des questions importantes. Certains puristes du cinéma pourraient craindre une forme d’altération de l’œuvre, notamment lorsque de nouvelles performances sont créées à partir des images originales. L’enjeu est donc d’assurer la transparence auprès du public et de préserver l’intégrité artistique.
Par ailleurs, le rôle de l’intelligence artificielle dans la création artistique reste un débat ouvert. Faut-il considérer l’IA comme un outil neutre ou comme un co-créateur ? Dans ce cas précis, Sphere Entertainment semble avoir opté pour un usage respectueux, mais l’évolution future pourrait voir des interventions plus prononcées.
Comparaison avec d’autres projets de restauration et projections immersives
Si la Sphere se distingue par son écran monumental et son procédé d’outpainting, d’autres initiatives ont également exploré l’usage de l’IA pour restaurer ou réinventer des films. Par exemple :
- Le projet 4K restorations de classiques hollywoodiens : nombreuses maisons de production améliorent la résolution des films, mais sans étendre le cadre original.
- Les expériences IMAX et VR : immersion à 360° ou en réalité virtuelle, mais avec souvent des créations originales ou adaptations, pas de restauration.
- La projection 3D remastérisée : quelques classiques ont été convertis en 3D, mais là aussi, sans modification majeure des images originales.
La Sphere combine ces tendances en proposant une image haute définition, immersive et augmentée, tout en restant fidèle à l’œuvre. C’est une approche hybride unique.
Une nouvelle ère pour les classiques du cinéma
La projection de The Wizard of Oz à la Sphere de Las Vegas en août 2025 incarne une rupture technologique majeure dans la valorisation des films classiques. Grâce à l’intelligence artificielle, les spectateurs pourront vivre une expérience immersive inédite, tout en redécouvrant une œuvre emblématique du cinéma mondial sous un jour totalement nouveau.
Ce projet ouvre la voie à une revalorisation du patrimoine cinématographique, combinant innovation technologique et respect de l’authenticité artistique. Il pose également des questions passionnantes sur le rôle futur de l’IA dans les arts visuels, entre restauration, recréation et création.
À travers cette expérience unique, Sphere invite chacun à repenser sa relation au cinéma, non plus comme simple spectateur, mais comme acteur immergé dans l’univers même des films.
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