Depuis mai 2025, un dispositif inédit baptisé Dexter s’installe progressivement dans plusieurs départements d’Auvergne-Rhône-Alpes. Son objectif : traquer les grands excès de vitesse grâce à un réseau de voitures-radar privées. Décryptage complet.
Un dispositif inédit en France : qu’est-ce que Dexter ?
Le nom pourrait évoquer un personnage de série, mais Dexter n’a rien d’un héros fictif. Il s’agit d’un réseau de véhicules équipés de radars mobiles, conduits non pas par des gendarmes ou policiers, mais par des chauffeurs privés mandatés par l’État. Leur mission est simple : repérer et verbaliser les conducteurs en excès de vitesse, en particulier sur les routes à fort risque d’accidents.
Un déploiement progressif et stratégique
Le dispositif a été déployé en plusieurs phases :
- Mi-mai 2025 : département du Puy-de-Dôme
- Début juillet 2025 : département de l’Ain
- Début août 2025 : département de la Drôme
- À partir du 16 août 2025 : département de la Loire
- Prochain sur la liste : le Rhône (Lyon), en attente de validation préfectorale
Ce calendrier révèle une logique : couvrir progressivement les zones les plus accidentogènes avant d’entrer dans des territoires à fort trafic urbain comme Lyon.
Pourquoi des voitures-radar privées ?
La principale différence entre Dexter et les radars traditionnels réside dans la nature de leurs conducteurs. Ici, il ne s’agit pas de forces de l’ordre, mais de chauffeurs privés spécialement formés. Cela présente plusieurs avantages :
- Durée d’activité prolongée : n’étant pas soumis aux missions classiques de la gendarmerie, ces véhicules peuvent patrouiller plus longtemps.
- Efficacité accrue : leur mobilité permet de couvrir plus de zones qu’un radar fixe.
- Flexibilité : les trajets sont organisés selon les besoins et les priorités définies par l’État.
Selon la préfecture de la Loire, « les itinéraires sont conçus pour cibler en priorité les zones les plus accidentogènes ».
Comment fonctionne Dexter ?
Dexter ne vise pas à sanctionner le moindre kilomètre/heure au-dessus de la limite, mais à cibler les grands excès de vitesse. Les règles sont claires :
- Sur routes limitées à moins de 100 km/h : flash uniquement en cas de dépassement de plus de 10 km/h.
- Sur routes limitées à moins de 130 km/h (autoroutes) : flash uniquement si le dépassement est égal ou supérieur à 10 % de la vitesse autorisée.
Concrètement, un automobiliste roulant à 115 km/h sur une route limitée à 110 km/h ne sera pas sanctionné. En revanche, rouler à 125 km/h dans la même zone entraînera un flash.
Un ciblage assumé des comportements dangereux
Cette approche se distingue des radars fixes classiques, souvent critiqués pour verbaliser des dépassements minimes. Avec Dexter, l’État affiche sa volonté de se concentrer sur les vitesses réellement dangereuses, celles qui multiplient le risque d’accident grave.
Impact potentiel sur la sécurité routière
Les statistiques nationales montrent que la vitesse excessive reste l’un des principaux facteurs d’accidents mortels. En ciblant prioritairement les zones à fort taux de sinistralité, Dexter pourrait réduire significativement le nombre de collisions graves dans les années à venir.
Dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni ou l’Australie, l’usage de véhicules-radar mobiles confiés à des prestataires privés a permis de diminuer la mortalité routière de 10 à 20 % sur certaines zones ciblées. Si la tendance se confirme en France, Dexter pourrait devenir un outil clé de la politique de sécurité routière.
Un message clair aux conducteurs
Au-delà des sanctions, Dexter envoie un signal fort : les grands excès de vitesse ne passeront plus inaperçus. Cette présence imprévisible sur le réseau routier pourrait inciter les automobilistes à modérer leur allure, même en dehors des zones connues pour abriter un radar fixe.
Des critiques et inquiétudes
Comme tout dispositif de contrôle routier, Dexter ne fait pas l’unanimité. Certaines associations d’automobilistes pointent plusieurs risques :
- Manque de transparence : les itinéraires exacts des véhicules ne sont pas rendus publics.
- Privatisation de la mission régalienne : confier à des entreprises privées la détection des infractions suscite un débat éthique.
- Risque de dérives : crainte que le dispositif évolue vers une chasse aux petits dépassements pour accroître les recettes.
À l’inverse, les défenseurs du système estiment que l’important est de sauver des vies, et que le recours à des opérateurs privés est une manière pragmatique d’augmenter la couverture du réseau routier sans mobiliser davantage de forces de l’ordre.
Comparaison avec les radars fixes et embarqués classiques
Type de radar | Mobilité | Durée de service | Ciblage |
---|---|---|---|
Radar fixe | Faible (position permanente) | 24h/24 | Tous dépassements, même minimes |
Radar embarqué (forces de l’ordre) | Variable (selon patrouilles) | Limité par missions annexes | Tous dépassements |
Dexter (privé) | Élevée (trajets variables) | Prolongée (missions dédiées) | Grands excès de vitesse |
Quel avenir pour Dexter ?
Le prochain déploiement dans le Rhône, notamment autour de Lyon, constituera un test crucial. La densité du trafic urbain et périurbain posera de nouveaux défis, mais pourrait aussi démontrer l’efficacité de Dexter dans la réduction des comportements dangereux en ville.
Si les résultats sont probants, le ministère de l’Intérieur pourrait étendre le dispositif à d’autres régions françaises. Les départements d’Île-de-France, du Nord et de Provence-Alpes-Côte d’Azur pourraient être prioritaires en raison de leur densité de circulation et de leur accidentologie élevée.
Vers une nouvelle ère du contrôle routier
Dexter n’est pas un simple gadget technologique, mais une évolution stratégique de la sécurité routière en France. En associant mobilité, ciblage intelligent et couverture prolongée, ce réseau de voitures-radar privées pourrait changer durablement la manière dont les excès de vitesse sont détectés.
Reste à savoir si les bénéfices en termes de sécurité routière compenseront les craintes liées à la privatisation partielle de cette mission régalienne. Une chose est sûre : avec Dexter, les automobilistes imprudents ont du souci à se faire.
Source : Le Bonbon
0 Commentaires